CHAPITRE 5
Comment faire la transition?
On va pas se mentir, changer de contexte de sommeil n’est pas nécessairement le fun au début.
C’est comme aller en camping et mal dormir le premier soir parce qu’une racine nous rentre dans le dos et se sentir comme la schnoutte le lendemain pendant notre randonnée en forêt et juste avoir hâte au soir pour manger des guimauves au bord du feu et s’écraser dans notre chaise de camping en espérant que notre p’tit matelas s’est pas trop dégonflé pour notre prochaine nuit de sommeil.
Faire ça pour une fin de semaine ça peut passer, surtout quand la beauté de la nature aide à oublier nos bobos.
Si ça se prolonge, c’est vrai que ça affecte nos journées.
C’est pour ça qu’on encourage fortement d’expérimenter différents contextes de sommeil pour trouver ce qui vous convient avant de vendre votre set de chambre sur Kijiji.
La bonne nouvelle c’est que l’humain est résilient et apte à former de nouvelles habitudes. Dormir dans différents contextes est une opportunité de prendre conscience de notre environnement et de notre corps. Vivre l’expérience et tester différentes approches est ce qui permet de prendre des décisions éclairées.
Quelques astuces pour une transition plus douce
Katy Bowman recommande une approche lente et méthodique pour changer nos habitudes de sommeil. Hé oui, s’entraîner à dormir! L’objectif est de bâtir la résilience de notre corps et le faire prend du temps et de la patience. Elle rappelle que notre corps a été “entraîné” pendant 20, 30, 40 ans sur des matelas et oreillers typiques. Ça lui a pris 18 mois pour aller de son matelas à un tapis de mousse de trois pouces d’épais et environ 12 mois pour se départir de son oreiller. On trouve ses recommandations dans ses articles How to transition out of a mattress et Your Pillow is an Orthotic.
Voici des idées clés ici :
Préparer le corps
Faire des exercices au sol régulièrement, combinant postures et respiration (personnellement, c’est le yoga qui m’a d’abord familiarisé avec le plancher)
S’asseoir plus souvent par terre durant la journée
Utiliser différents objets comme des balles et des rouleaux de mousse (les fameux foam rollers) pour exercer une pression sur nos tissus/muscles
Créer un cercle vertueux en adoptant un style de vie riche en mouvements. Bouger et augmenter sa mobilité en journée aide à mieux dormir le soir et vice-versa.
Changer de surface de sommeil
Pour se "pratiquer" à être moins confortable, on peut changer quelque chose à notre aménagement actuel :
Changer son matelas de côté (il se forme à notre corps avec le temps)
Enlever son surmatelas ou les items qui ajoutent des couches sur le matelas
ou essayer de nouveaux contextes de sommeil :
Le lit dans votre chambre d'ami
Votre divan
Votre matelas de camping
Vous voyez le genre
Se rapprocher du sol
Mettre notre base de lit de côté et placer notre matelas directement sur le sol.
Utiliser un matelas plus mince ou superposer des choses molles, comme des couvertes, sleeping bags, tapis, etc.
Amincir son lit, une couche à la fois.
😴Vince propose aussi de faire des siestes au sol de temps en temps avant de considérer une nuit complète.
Pour l’oreiller, Katy Bowman a suivi une méthode similaire : Remplacer son gros oreiller douillet par un oreiller moyennement douillet, puis par une serviette repliée puis par un coton ouaté, etc.
Nos expérimentations personnelles
Notre approche personnelle est aussi d’expérimenter et de voir par nous-mêmes. On a commencé à tester des nouveaux contextes de sommeil par curiosité et pour bâtir notre résilience. Ce n’était pas dans un esprit de guérison, dans le sens qu’on n’avait pas de douleurs initiales ou de problèmes à régler. On a changé notre matelas pour un futon pour bouger autrement et tester des affaires. On ne ressent pas de tensions additionnelles depuis.
Surfaces de sommeil
De notre expérience, on n’a pas eu de période de transition entre notre matelas et notre futon, mais on a dû être préparé par nos aménagements de sommeil rudimentaires et variés des années précédentes. J’ai dormi sur un lit simple avec un matelas de piètre qualité sans sommier pendant des années avant d’avoir un matelas double, posé directement au sol.
Après quelques années de yoga - une pratique qui donne la permission de se coucher par terre sans se sentir bizarre - le sol est graduellement devenu beaucoup plus accueillant pour moi. Avec le temps, j’ai réalisé que j’appréciais tellement sentir la pression du sol que j’ai acheté le plus mince tapis de yoga que j’ai pu trouver.
Ensuite, on a fait la tournée de ParticipACTION pendant un an en 2017, dormant dans des dizaines de lits d’hotel différents (87 selon les calculs de Vince).
Pour sa part, Vince a dormi pendant quelques mois dans sa van (achetée pour un roadtrip et finalement vendue pour vivre avec moi). Son lit était un pseudo futon mou posé sur une planche de plywood.
Aussi, Vince a fait le test de dormir sans lit pour 7 jours, dans le temps qu’il alimentait son blogue Vivace.
Aussi, on a dormi sur notre balcon.
En 2018 Vince et moi avions tous les deux la mononucléose. On vivait alors avec un coloc et notre chambre n’avait pas de fenêtre et pas de circulation d’air (cette pièce est maintenant notre bureau). Pendant la canicule, dormir dehors est devenu une option attrayante. On avait déjà fait une soirée cinéma avec des couvertes et des coussins sur le balcon. Un franc succès! Dans les conditions du moment, la transition vers une nuit complète dehors n’a pas été difficile. Même en ville, l’air frais, le bruit du vent dans les arbres et les chants d’oiseaux font du bien.
Cette année, on a acheté quelques items pour améliorer l’espace : Des caillebotis et une tente-filet-anti-moustiques. On compte réessayer de dormir dehors. On vous partagera les résultats!
Dormir dans notre nouvelle-vielle van. Les bancs de notre Volkswagen Eurovan deviennent un lit.
Finalement, dormir n’importe où. Chez notre ami à Winnipeg, on a choisi de dormir sur le tapis au lieu de dormir sur le divan (et on a vraiment bien dormi!). 👍👍👍
Dormir sans oreiller
Suivant cette norme sociale, l’idée de me départir de mon oreiller était impensable. Ce n’était même pas une possibilité dans mon esprit de dormir sans oreiller. Dormir = Avec un oreiller.
J’ai d’abord fait le test de dormir sans oreiller pendant environ deux semaines (Vince était satisfait avec nos minces oreillers alors il ne ressentait pas le besoin de faire l’expérience avec moi).
Au début c’est bizarre et inconfortable. Puis ça devient intéressant. Puis ça devient facile. Maintenant (quelques mois plus tard), je dirais même que c’est agréable.
C’est important de mentionner que ça s’est fait assez rapidement grâce à une longue transition préalable, car on avait déjà remplacé nos gros oreillers touffus par des oreillers maigrelets il y a plus d’un an.
Personnellement, j’apprécie dormir sur mon bras et mes mains et je vais continuer. J’ai constaté la même chose que Patrick Hogan mentionne durant notre discussion : Je change davantage de position durant la nuit et je “ressens” mon corps différemment. J’apprécie explorer différentes positions de sommeil, améliorer ma conscience corporelle et investir dans ma résilience.
Je garde tout de même mon mince oreiller près de moi quand je dors et l’utilise au besoin. Pour dormir, j’utilise parfois une petite couverte de laine repliée.