15 NOV : LA PARENTALITÉ N’EST PAS INTUITIVE
Bon vendredi!
Cette semaine on réfléchit à ce qu’on sait déjà et à ce qu’on apprend.
1. infinie et limitée à la fois
Idée : Une infinité de mots pour décrire un ressenti universel.
L’intuition.
Un sentiment de ce qui est juste et bon.
Une voix intérieure parfois diffuse parfois limpide qui nous guide.
Je sens sa présence, messagère ou force divine intemporelle, dans toutes les sphères de ma vie.
Action : J’ai surestimé l’intuition durant ma maternité. On dirait que je me sens mal de dire ça.
J’aimerais croire que tout est en moi, toujours.
Mais je ne peux m’empêcher de ressentir des trous dans ce que je sens que je devrais savoir.
Je ne savais pas comment tenir un nouveau-né.
L’allaitement s’est avéré tellement plus compliqué que prévu.
On fait du co-dodo depuis trois ans et, encore à ce jour, je me demande si certaines nuits auraient pu être moins pénibles.
Je n’ai pas toujours cherché de l’aide.
Je me disais que ce qui est naturel viendrait naturellement.
Je ne savais pas ce que je ne savais pas sur l’intuition.
Sans nier sa présence, ça me semble nécessaire de dessiner un portrait plus juste de sa portée. 👇
2. La maternité s’apprend
Idée : Une maman gorille en captivité ne savait pas comment allaiter son bébé.
J’ai entendu cet exemple fascinant pour la première fois dans une conférence de Malika Bonapace.
En cherchant la source originale, je suis tombée sur une histoire similaire détaillée et récente - août 2024 - du zoo de Dublin.
Une orang-outan enceinte s’est fait enseigner à allaiter dans l’espoir que son futur bébé reçoive les soins nécessaires à sa survie.
Elle avait perdu deux bébés dans le passé, faute d’avoir les compétences maternelles requises.
Le personnel du zoo lui a montré des vidéos d’autres mamans orangs-outans en train de nourrir leur bébé. Un groupe d’allaitement de la région a même fait des démonstrations devant elle pendant des mois.
Finalement, bien que la maman ait démontré de la tendresse envers son nouveau-né, elle ne réussissait pas à le placer dans la bonne position pour l’allaiter et le zoo a décidé de nourrir le bébé au biberon.
Action : C’est essentiel de se rappeler qu’on est des primates et qu’on vit nous aussi en captivité.
Ça explique tellement de facettes de la détresse parentale actuelle.
Je voyais initialement la captivité comme l’absence de nature.
J’ai finalement compris qu’un habitat sans humains est aussi un environnement dénaturé.
Les membres d’une tribu ne sont pas juste un renfort physique ou un soutien émotionnel.
La tribu porte aussi le savoir.
C’est grâce aux autres qu’on devient humain.
3. L’instinct d’apprendre des autres
Idée : Joseph Henrich propose que le succès de notre espèce repose moins sur le génie individuel que sur notre capacité à accumuler et à transmettre du savoir d’une génération à l’autre.
Il illustre ses idées avec de nombreux récits de naufrage.
Même des groupes composés de dizaines de marins intelligents, habiles et aptes à collaborer finissent souvent par dépérir, puis mourir, lorsqu’ils sont confrontés à un écosystème inconnu.
Incapables de se nourrir, de se vêtir, de se protéger des intempéries… alors que les peuples natifs de la région s’épanouissent dans le même environnement.
On ne naît pas avec un programme intégré qui nous dit exactement quelles plantes sont comestibles ou toxiques.
Ce savoir, on l’obtenait autrefois de nos aînés ou des personnes plus expérimentées.
Ce savoir est beaucoup trop vaste pour être reproduit par un seul humain à l’échelle de sa vie.
La nature nous a dotés de mécanismes qui nous permettent de l’acquérir et de le transmettre.
On est programmés pour apprendre des autres, guidés par un instinct qui nous oriente vers les bonnes personnes, celles qui peuvent nous enseigner ce qui est essentiel à notre bien-être et à notre survie.
Action : Ces idées me semblent tellement fondamentales, je ne pourrai jamais me fermer la trappe.
Je ne supporte pas le discours qui reproche à la nouvelle génération de mères d’être trop perfectionnistes, de s’épuiser à rechercher une approche parentale réfléchie et de se créer une anxiété de performance en voulant adopter des pratiques naturelles.
Les nouvelles mères sont simplement à la recherche de modèles pour combler leurs besoins fondamentaux et ceux de leur enfant.
On est programmées pour ça.
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