Foyer feuillu
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L’aménagement compte aussi
Si l’acte de jardiner fait bouger, l’endroit où on met nos plantes - le design de nos espaces - permet aussi de bouger autrement. Cette réalisation a émergé grâce à notre discussion avec l’ethnobotaniste Andrew Semotiuk. L’emplacement des plantes dans nos espaces influencent comment on se déplace et ce qu’on y fait.
Au sol : Andrew nous a partagé l’envie de jouer avec la position de nos pots de plantes sur le sol. Souvent, les plantes sont mises dans le coin des pièces, en simple décoration. Statiques. C’est également fréquent de créer une jungle si dense (sur notre balcon ou dans une pièce ou sur notre terrain), que la seule chose à faire est d’observer les plantes. C’est parfait si on aime être submergés de verdure (simplement regarder du vert fait déjà du bien). Mais on peut aussi jouer avec l’emplacement des plantes pour marcher davantage, créer des parcours à obstacles, squatter sous les feuilles…
Quelques idées simples : On peut mettre une plante dans le corridor pour nous amener à ralentir notre course et à contourner le pot. Sur un simple balcon, on peut créer un semblant de sentier permettant aux enfants de se déplacer plus facilement ou de se construire une cachette dans les plantes. On peut mettre des herbes à leur hauteur, pour stimuler leurs sens et leur donner envie de sortir…
En hauteur : Andrew nous a aussi partagé l’envie de jouer avec la hauteur des plantes. Il fait remarquer que des fleurs de couleurs vives attirent le regard. Si on les place sur une tablette élevée, on lève les yeux, on étire le cou, on bouge la tête.
C’est aussi Andrew qui est à l’origine de l’ajout de verdure au dessus de notre barre à pull-ups. C’est durant une exploration de la forêt tropicale à El Petén au Guatemala qu’Andrew a lui-même vu tout le potentiel de la nature pour raviver son intérêt à bouger. Grimper à un arbre, s'élancer grâce à une liane… c’est bien différent d’un espace d’entraînement classique, entouré de béton et d’appareils en métal. C’est le sujet de l’article humoristique Fitness botanique : Comment « pimper » ses pull-ups avec de la verdure. On l’a traduit en français ici (et on ajouté des photos de Georges de la Jungle).
« Throughout most of human history, we’ve lived around plants. It is our dwelling place. »
Valoriser les bénéfices non physiques du jardinage
Dans la nature, bouger n’est pas une fin en soi. Aucun animal ne bouge pour brûler des calories ou façonner ses muscles.
L’activité physique en tant qu’exercice est une création humaine. Et le terme lui-même nous fait considérer avant tout l’aspect physique. Le corps, la mécanique, le matériel. Bouger c’est réellement bon pour le corps, le cerveau, le coeur, les muscles, les os, les cellules, les neurones… Mais c’est aussi bon pour plein d’autres raisons non physiques : Se connecter à soi, aux autres et à la nature.
Dans la nature, bouger est le geste pour accomplir quelque chose d’autre. Se nourrir, construire un abri, se déplacer, socialiser…
Avec Vince, on commence à dire que bouger c’est pour vivre, jouer et créer.
Dans cette optique, le jardinage est une opportunité de mouvements aussi riche de sens. Jardiner et prendre soin des plantes alimente notre curiosité et enseigne la patience. Voir la vie qui pousse est une fabuleuse source d’émerveillement. Et quand la plante pousse mal, on a envie de trouver des solutions et de prendre soin de ce qui nous entoure.
Chaque réponse amène encore plus de questions. C’est le jardinier et éducateur François Bernier, de l’organisme La Brouette, qui nous a permis de pleinement le réaliser. Jardiner c'est observer notre environnement, résoudre des problèmes et apprendre au fil des saisons. Ce sont des apprentissages souvent invisibles, mais transposables à tellement d’autres sphères de vie.
Ce qu’on nourrit fleurit. Ce mantra a été affiché à notre mur en janvier pour annoncer l’année à venir. Un engagement d’être patient et bienveillant. Un rappel que les petits mouvements comptent. Ça me guide autant au bureau que dans mes plates-bandes.
Exemples de design feuillu
Bon, c’est l’heure de parler de ce fameux design feuillu. Voici des exemples à partir de notre appartement. Comme on en parle largement dans notre page sur le bureau dynamique, on cherche à créer des espaces multifonctionnels. Mais chaque pièce a tout de même une intention, une fonction principale. Ça guide nos choix d’aménagement et ça influence comment on se comporte et comment on se sent dans chaque espace.
Voici donc une petite visite pièce par pièce.
🌿À noter : Marie-Claude aime particulièrement les plantes au feuillage abondant. C’est vraiment une préférence personnelle. Certaines personnes préfèrent les cactus ou les succulents ou les bonsaïs ou les orchidées... À chacun sa plante!! 💚On parle justement de match making avec Sarah-Anne Nagué (de la boutique végétale Miss Boon) durant notre discussion Verdir sa maison. La clé c’est de trouver la plante qui convient à nos goûts et à notre style de vie.
Studio
Stimuler la créativité
Le “studio” est la plus grande pièce. C’est l’endroit où on enregistre les podcasts et travaille et joue aux dards. L’intention de la pièce est de stimuler le corps et l’esprit. Dans cette optique, on aime y voir une abondance d’options et accueillir la cacophonie. Ça donne la permission de jouer, de bouger dans l’espace, de laisser les idées respirer.
🌱Astuce 1 : Des plantes sont placées en hauteur pour élever le regard et donner l’impression que le plafond est plus haut (ça donne aussi envie de faire des chin-ups, comme on l’explique dans cet article, mentionné plus tôt).
🌱Astuce 2 : Les plantes placées au sol pointent aussi vers le ciel. Ça ramène encore une fois le regard vers le haut. Ce sont des plantes élancées comme des langues de belle-mère et des palmiers.
Salon
Relaxer
Le salon contraste avec le studio, car son but est l’inverse de la stimulation. Au lieu de s’activer, on cherche ici à reposer le corps. On valorise les mouvements lents et les positions variées au sol. Le salon c’est aussi l’endroit où on dort (notre mince futon japonais est rangé dans le garde-robe en journée). C’est pourquoi on préfère ne pas faire d’activités intellectuelles ou physiques intenses dans cette pièce. Comme ça, quand on y rentre, notre corps sent qu’il peut se détendre et notre tête aussi.
🌱Les plantes sont presque toutes au sol. Il n’y a pas de plantes installées plus haut que le regard. Ça amène le regard vers le sol et ça encourage, selon nous, à s’ancrer.
🌱Les plantes du salon sont plus petites et délicates que celles du studio. Ça amène une certaine douceur. Ça adonne aussi que leur croissance est assez lente comparativement aux pothos foisonnants. Cette lenteur de croissance apaise notre sentiment d’urgence et nourrit notre patience.
🌱Un grand ficus lyrata est placé près de la fenêtre. Cette plante est maintenant plus grande que nous. Ça procure un sentiment de protection, car ses feuilles sont immenses et se déploient au dessus de nos têtes. À partir du sol, on voit les feuilles d’en dessous. C’est une expérience vraiment agréable. C’est un coin parfait pour lire assis en indien ou travailler en s’allongent sur le tapis.
Balcon arrière
Nourrir
Le balcon arrière sert de cachette verdoyante et de mini forêt nourricière. Herbes, fleurs comestibles, tomates, épinards… Ici, on aime l’abondance. On teste encore les espèces qui fonctionnent bien (et qu’on aime manger). Un grand réaménagement est en cours pour l’été 2020. On partagera les résultats!!
Balcon avant
Accueillir
Le but du balcon avant est de nous accueillir quand on sort de la maison et quand on revient à la maison.
C’est l’endroit avec le plus de soleil, mais la poussière de la rue rend nos herbes moins appétissantes. Pour le moment, on préfère s’émerveiller des choses qui poussent, sans les manger.
🌱Mon coup de coeur est l’épinard grimpant (épinard de Malabar). Il grimpe si rapidement qu’on voit sa progression de jour en jour. Depuis l’an dernier, je fais des paris sur la tige qui attendra le haut de la fenêtre en premier.
🌱J’aime aussi beaucoup la lierre allemande. Elle pousse abondamment (la touffe verte sur la dernière photo vient d’un seul petit plant acheté au marché). Apparemment elle peut aussi pousser à l’intérieur, mais je n’ai pas réussi à la faire survivre après l’avoir rentrée à l’automne.
Cuisine
Soigner
La cuisine est devenue au fil du temps un coin pour tester la propagation de certaines plantes, soigner les plantes affaiblies, assurer une espace de transition, démarrer des semis, fabriquer un insecticide maison… C’est un mixte de labo et d’infirmerie. C’est aussi dans la cuisine qu’on fait nos tisanes (🌱on adore la mélisse et la menthe et c’est super facile à cultiver).
Salle de bain
Oasis surprise
On prend des vacances tropicales comme on peut! 😆Le but avec la salle de bain c’est de créer un îlot de verdure foisonnant.
Notre salle de bain était si triste à voir que je n’ai aucune photo du Avant. Voici le Après. Ce n’est rien de révolutionnaire. Mais c’est déjà suffisant pour nous faire apprécier l’espace davantage.
🌱On est heureux de voir que certaines plantes (surtout les pothos) réussissent à s’épanouir même dans des endroits plus sombres et à la température inégale (faute d’une bonne isolation, la salle de bain est froide en hiver).
⭐Coup de coeur pour l’inusitée algue en boule Marimo Moss Ball. Elle est placée à la hauteur de mes yeux. Comme ça je peux sourire quand je me brosse les dents.
Jardin courageux
Embellir
Vendredi soir, après qu’on se soit replongés dans nos recherches et lectures sur la nature pour créer cette page… et après les podcasts avec Sarah-Anne Nagué et François Bernier…
… j’ai eu une épiphanie et l’envie immédiate de créer un espace de jardinage dans le rectangle de terre entourant l’arbre devant notre plex.
Il était 21h00 et je ne voulais pas attendre au lendemain.
🌱L’idée a été plantée dans ma tête grâce aux aménagements des voisins , qu’on regarde avec enthousiasme durant nos marches matinales dans le quartier. Les petits jardins urbains sont chaleureux ou ludiques, minimalistes ou abondants, parfois soignés, d’autres fois improvisés. Ça m’a fait voir qu’un petit jardin est tout à fait possible, peu importe l’espace. Que ça n’a pas besoin d’être compliqué. Et que ça fait du bien à tous les visiteurs.
🌱L’idée a ensuite germé grâce à la redécouverte de Ron Finley et de sa vision du guerilla gardening (je suggère sa conférence TED). Pour cette année, j’adopte une approche inspirée du jardinage punk (découverte grâce à une amie Facebook) : Vince et moi avons dispersé aléatoirement une grande quantité et variété de semences de fleurs. Et on va voir ce qui va pousser (et s’adapter l’an prochain).
🌼 Je n’ai pas vraiment cultivé de fleurs auparavant. J’ai choisi des fleurs cette année pour leur beauté, pour l’expérience olfactive et pour les abeilles. Devant le plex, nous n’avons pas la plus belle vue (stationnement commercial en face). Si les couleurs florales peuvent attirer le regard et faire sourire, ce sera mission accomplie.
La vie attire la vie
Je préparais l’espace. Il n’y avait alors qu’un carré de terre entouré de briques. Sans aucune verdure. Et des voisins se sont arrêtés pour dire « Il est si joli ton jardin! ». On voit le potentiel. On imagine la nature émerger et ça nous fait déjà sourire.
Après une matinée seulement, j'avais parlé à 5 voisins, dont une voisine qui m'a offert deux sauts de terre et une autre qui m'a offert des semences, du treillis et un tuyau d'arrosage. Mes parents m’ont donné du compost et un ami habitant le quartier m'a offert des semis.
La vie peut émerger de n’importe où. Et partout, elle est accueillie. En fait, elle se multiplie.
À venir : Mur vert et façade verdoyante
Mathieu (cet ami qui m’a offert des semis) est aussi la personne qui m’a fait réaliser que je pouvais cultiver des vignes à raisins. Grâce à des plants matures, il a récolté des kilos de raisins dans sa cour l’été dernier. En plus d’offrir une récolte, les vignes pourront embellir l’espace devant l’immeuble en grimpant sur la rampe d’escalier, que je trouve moche depuis toujours. Cette rampe inintéressante va se transformer en support précieux pour la vigne qu’on va voir pousser de saison en saison.
J’explore aussi les façons de créer un mur vert avec d’autres plantes grimpantes. Les résultats de cet été seront partagés. Jusqu’à maintenant, durant mes recherches, j’ai apprécié le guide Les plantes grimpantes : Une solution rafraichissante du Centre d’écologie urbaine de Montréal. Merci! 🙏
L’espace est prêt. 👇On attend patiemment notre livraison de plantes d’une pépinière rustique.
